Cet objet insolite, tout droit sorti d’un autre âge et d’une contrée qui m’a inspiré le prénom de deux de mes enfants, garde en lui un « je-ne-sais-quoi » mystérieux qui s’accorde sans fausse note avec cette femme extravagante dont la compagnie nous emmène bien loin d’Absurdie.
Des splendeurs de St Petersbourg aux podiums parisiens des défilés haute-couture, en passant par les confins de l’Asie, Gali Hagondokoff nous entraine dans un voyage extraordinaire digne des épopées de l’empire du milieu. Comment cette princesse russe est-elle passée du statut d’émigrée, rescapée de la folie bolchévique, à celui de Leila, comtesse de Luart et marraine du 1er REC ?
Après de multiples voyages au gré des mutations de son père, officier du Tzar au caractère impétueux, et quelques années à Paris aux abords du parc Monceau, la petite Gali rentre à l’institut de Smolny, avec l’approbation de l’impératrice Alexandra. Elle semble aussi à l’aise dans les palais resplendissants de Saint Petersbourg où se retrouve l’aristocratie russe, que chaussées de ses patins à glace sur les eaux figées de la Neva. Promise à une vie facile et mondaine, elle voit son destin basculer brutalement : il sera marqué par la guerre, la fuite, les épreuves, et les renaissances multiples à jamais animé d’une formidable soif de vivre.
A dix-sept ans, elle triche sur son âge pour s’engager à l’hôpital de guerre ; elle y rencontre le capitaine Bajenoff dont la blessure à la tête laisse entrevoir les palpitations de son cerveau. Contre toutes attentes, il se remet de ses blessures et c’est un premier amour passionné qui mène Gali jusqu’à Shanghai.
L’exil la précipite à l’ouest de l’Europe, dans un Paris où elle devient l’égérie de Chanel avant de poser pour un temps ses valises à Deauville auprès du célèbre parfumeur Paul Poiret. Elle vit les années folles emportée par sa passion de la fête, et désargentée, rencontre un « oncle d’Amérique », un vrai, celui dont j’ai rêvé plus d’une fois et dont je n’ai pas encore croisé la route. Il lui lègue sa fortune, la propulse à nouveau dans une société où elle retrouve son rang et la compagnie de l’élégant Ladislas.
Des années plus tard, en pleine seconde guerre mondiale, elle invente la première formation chirurgicale mobile… Comment ? Pourquoi ? Et ensuite ? Je vous laisse le soin de le découvrir aux fils des pages de sa palpitante biographie qui ressemble à s’y méprendre à un roman qui nous fait veiller bien trop tard !
Un parcours improbable, qui jette par moment une ombre de banalité sur nos routines quotidiennes, mais qui nous rappelle sans cesse que nos vies dépendent essentiellement de nous, et de ce que nous voulons en faire ! A déguster avec un thé…, russe bien sûr !