Quelle est celle parmi vous qui n’arrive pas au premier jour du mois d’octobre un brin essoufflée, déjà fatiguée, et surtout surprise de l’être, alors que la rentrée scolaire… c’était à peine hier ? Le premier coup de froid automnal nous a surpris au petit matin avant même que ce terrible changement d’heure ne viennent prolonger la nuit d’un samedi soir, où nous n’aurons certainement pas eu l’idée, (du moins pas la majorité d’entre nous !) d’aller « faire la fête » une heure de plus !
Cette insidieuse lassitude nous étonne, et pourtant…, je ne sais pas pour vous, mais ici, en Absurdie, de façon absolument objective, elle me semble parfaitement justifiée: 

Primo, il y a eu l’émotion de la rentrée : pour la première fois depuis huit ans, je n’ai pas repris mon cartable avec celui des enfants, les miens et ceux des autres, et au lieu de sauter de joie, j’ai eu un petit pincement au cœur en les voyant franchir le portail, (sans moi !) l’une au collège de ZEP ( une nouvelle planète pour elle comme pour moi…) l’autre au primaire ( moins impressionnant…) le dernier en Petite Section… et il a beau être le septième de la tribu, c’est quant même une première fois !!! 

Segundo, une fois l’émotion maitrisée, la reprise du tourbillon : les fournitures ne correspondent pas aux souhaits de la maîtresse, l’emploi du temps est « provisoire », ce qui est fort pratique pour jouer à Tetris avec les agendas de chacun : activités scolaires, extra-scolaires, professionnelles et …. Loisirs ? Non, en fait pas de loisirs, cela ne passe pas ! Pour simplifier tout cela, notre ministre se focalise sur un vêtement long en confondant signe religieux et fracture de civilisation, (remarquable tour de passe-passe pour passer sous silence les quelques 3000 enseignants manquants !) et fort de sa longue expérience auprès de nos têtes brunes et blondes, maintient les « évaluations de rentrée »… Toujours très pertinent, car comme chacun sait, les enfants n’oublient jamais rien pendant les deux mois de vacances : il est donc très inutile de réactiver leur mémoire avec quelques révisions, avant de leur donner une feuille blanche qui repartira gribouillée au ministère : quelques semaines plus tard, les résultats sont « préoccupants » pour la bureaucratie hors-sol, anxiogène pour les parents, dévalorisants pour les élèves… Mais tout va bien Madame la Marquise ! 

Tercio, le cauchemar numérique : préservée jusque là du « tout numérique » à l’école, j’ai savouré les cahiers de texte et autres agendas de papier (oui, très « has been », pardon, « ringards » devrais-je dire, mais surtout très éducatif pour les enfants, responsables de ce qu’ils notent !) Oh délicieuse époque, où lorsqu’il manquait quelque chose, il était facile d’appeler la maman de Charlotte, Léa ou Marco ; on bavardait 5mn avec elle, échangeait sur la varicelle du petit dernier et sur le covoiturage du week-end pour la sortie « rando » !

Terminé !!! Aujourd’hui, j’ai ENT, PRONOTE, EDUCARTABLE, ECOLE DIRECTE…. Ils ont chacun un code et un identifiant, et bien sûr, un par enfant !!! Ils fonctionnent quand ils en ont envie, permettent à nos enfants de ne plus se soucier de noter leurs devoirs, et à leurs enseignants d’en rajouter jusqu’à … ( Ah 21h, j’ai oublié de leur donner un exercice sur les fractions !!! Pas grave… ENT !) Pour moi, cela représente 7 fenêtres épinglées…. J’ADORE ! Curieux, le fameux startupper n’a-t-il pas dit qu’il fallait responsabiliser les enfants et leurs parents ????

Quarto, la positivité ambiante : comment ne pas être reconnaissant à nos médias pas uniques et certainement pas préférés, de leur souci de nous informer (plus ou moins d’ailleurs…) de tout ce qui fonctionne « bien » ? Toute la journée, toute chaine confondue, c’est une avalanche de catastrophes en tout genre, de propos alarmistes, de condamnations bien politiquement correctes, de discours bon teint et bien culpabilisants, pour finalement ne tirer aucune conclusion, omettre ce qui pourrait donner un peu de baume au cœur à « monsieur tout le monde » et susciter l’envie de se retrousser les manches pour améliorer ce qui peut l’être ! Et tout en haut de la chaine, c’est le grand écart : le starttuper et sa clique se félicite de tout ce qu’ils ont fait, de tout ce qu’ils font, et … tant qu’à faire de tout ce qu’ils feront !!! 

Face à tout ceci deux options : nous résigner, reprendre à peine haleine et continuer… ou bien, prendre vraiment le temps de s’arrêter et prendre le large ! Non loin de chez nous, se niche forcément au détour d’une forêt, d’un massif ou d’une falaise un petit coin de paradis qui nous rappelle que nous vivons dans un pays extraordinaire, et qu’il ne tient qu’à nous de faire taire mauvaises nouvelles et mauvaise humeur : mon week-end de l’été indien, ce sera la côte Vermeille ! La France est certainement l’un des rares pays où l’on chemine d’une plage précieuse à une autre : Côte d’Opale, Côte de Nacre, Côte d’Emeraude, et le temps de sauter au-dessus de la Côte d’Amour et de la Côte de la Lumière, nous revoilà en Côte d’Argent, avant de se laisser glisser sur la Côte Vermeille, pour terminer le voyage sur la Côte d’Azur.

C’est décidé : la deuxième option l’emporte, le temps de quelques heures ! Splendeur des couleurs, explosion des saveurs et douceur de vivre au programme pour une escapade  entre l’extraordinaire abbaye de San Pedro, l’incontournable ville de Rosas, et l’enchanteur port de Cadaques. 

Passés les derniers villages français de Catalogne où la vie semble s’être arrêtée derrière des façades défraîchies et des ruelles étroites, la première crique espagnole d’El Port de la Selva nous accueille dans un écrin de collines recouvertes d’une garrigue aux divines senteurs méditerranéennes. 

A quelques kilomètres au-dessus, le Monastère de San Pedro nous accueille dans une atmosphère de « fouilles archéologiques » qui nous emmène dans un passé où pour construire de tels chef d’œuvre, il n’y avait ni grue, ni pelle mécanique, ni outillage électrique…. L’homo festinatus* du XXIème siècle serait-il capable de rebâtir une telle merveille ? Rien n’est moins sûr ! Et pourtant, s’il avait la sagesse de s’y arrêter quelques instants pour contempler la mer, et écouter le murmure des pierres…

Paradis des randonneurs (pour les courageux amateurs de dénivelés !) et des motards (pour… les adeptes des virages sinueux) la route qui mène de San Pedro au port de Cadaquès, est un régal pour les yeux entre le bleu profond de la méditerranée qui embrasse la côte capricieuse et le vert cru des garrigues où l’on devine des terrasses centenaires où les hommes d’un autre temps cultivaient la vigne et l’olivier. On peut s’y perdre des heures, avant de redescendre vers Cadaquès où tout invite à la flânerie : les terrasses des restaurants allongées en bord de mer, les plages blotties au cœur des criques, les ruelles pavées où se pressent les maisons blanches ornées de bougainvilliers luxuriants et ces étonnantes bâtisses tout droit sorties des années folles dont les jardins à étage rivalisent de charme.

Que n’aurai-je pas donné pour m’y installer un petit mois, le temps d’écrire un livre et  de briser la course effrénée que notre époque nous impose ? 

Delà, pour les amateurs des villes, Rosas n’est qu’à quelques minutes : toute tournée vers la mer et bordée d’une immense plage où l’on se verrait bien poser sa serviette et la pile de livres que l’on n’a pas pris le temps de dévorer pendant l’année, Rosas est une ville faite pour les amoureux et leurs enfants, les virées entre copines et les voyages étudiants… Bref, une ville pour tous, où les nombreux restaurants rivalisent de saveurs, où la citadelle nous invite à contempler la baie sous un soleil radieux. 

Et vous ? Pour quels horizons avez-vous opté afin de prolonger votre été indien ? 

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